Après s’être tenu huit ans à Paris, c’est à Lille que la 9e édition du festival Séries Mania s’est tenue du 27 avril au 5 mai dernier avec une triple ambition : être une fête grand public, montrer la richesse de la production sérielle et devenir un rendez-vous incontournable des professionnels. Séries Mania et son tapis rouge, inauguré par Isabelle Adjani, semble aujourd’hui s’imposer comme le grand festival international des séries en France. Bilan et palmarès.
BELLES VIBRATIONS
Soutenu par la maire de Lille Martine Aubry avec un généreux budget de 5 millions, Séries Mania a sorti le grand jeu : trône de fer à la gare, logos géants et bannières le long des avenues et des monuments, les commerces faisant des clins d’œil à Mad Men ou à Breaking Bad, vous l’aurez compris Lille a surfé sur ce bel évènement !
Malgré un démarrage timide, les Lillois se sont attachés à ce festival qui leur a offert plus de 80 séries du monde entier à découvrir sur grand écran. Un programme extrêmement riche assorti de nombreuses animations dans toute la ville, à commencer par les expos, les concerts, les rencontres de l’espace culturel du Tripostal. « 50 000 visiteurs sur l’ensemble du festival, et 3 000 personnes par jour au Tripostal », a annoncée Laurence Herszberg, la directrice générale du festival, avant la remise des prix.
En délocalisant le festival de Paris, Frédéric Lavigne, directeur artistique de l’événement n’a rien sacrifié à l’ambition et l’exigence de la programmation qui a fait le succès des précédentes éditions.
« La qualité des séries en compétition était très bonne. J’ai été surpris par la valeur de certaines productions qui proposent l’équivalent d’une production américaine avec clairement moins d’argent. L’écriture de certaines de ses séries est juste superbe ! Nous avons pris des décisions difficiles pour le palmarès », souligne Chris Brancato, créateur de Narcos et président du jury.
PALMARES
> Du coté international
Le jury, présidé par Chris Brancato et composé de Maria Feldman, Maria Schrader, Clovis Cornillac et Pierre Lemaitre, a remis son Grand Prix à la formidable dramédie israélienne « On the Spectrum », sur le quotidien de trois jeunes autistes.
Anna Mikhalkova a reçu le prix de meilleure actrice, magistrale avec son jeu tout en retenue dans la décevante série russe « An Ordinary Woman », sur une mère de famille devenue proxénète.
Le prix du meilleur acteur revient à Tommasso Ragno pour son rôle de prêtre dépravé dans l’hallucinante série italienne « Il Miracolo ».
Le Prix spécial du jury revient à cette même série coproduite par Arte et créée par l’écrivain italien Nicolo Ammaniti. Une série italienne, ce n’est pas courant et celle-ci envoûte dès les deux premiers épisodes où une statue qui pleure du sang est retrouvée chez un chef de la mafia.
Une ambiance baroque et glauque, portée par une photographie magnifique. Le jury a récompensé « un drame visuel saisissant sur le conflit entre le rationnel et l’irrationnel qui soulève des thèmes particulièrement intéressants dans les sociétés séculaires et religieuses. »
> Ad Vitam, meilleure série française
Le jury de la presse internationale composé de Christian Buss (Spiegel Online, Allemagne), Niv Hadas (Haaretz, Israël) et James Rampton (The Independent, The Daily Telegraph, The Times, Royaume-Uni) a attribué 3 prix parmi les 8 séries françaises présentées en Première mondiale.
Le prix de la meilleure série française a été attribué à la série d’anticipation Ad Vitam, de Thomas Cailley, celui du meilleur acteur dans une série française à Roschdy Zem pour son rôle dans Aux animaux la guerre, ex aequo avec Bryan Marciano, pour la série Vingt-cinq, que ce dernier a également écrite et réalisée et le prix de la meilleure actrice dans une série française à Anne Charrier pour Maman a tort, adaptée d’un roman de Michel Bussi.
Le prix de la meilleure série de format court a été décerné à la série franco-américaine First Love, de Adi Tishrai. Le prix du public revient à The Marvelous Mrs Maisel.
Un jury de blogueurs a salué la série britannique Kiri de Jack Thorne, dans le panorama international.
Le Prix des étudiants est allé à la comédie australienne Kiki and Kitty de Nakkiah Lui.
DOSE PARFAITE
Séries Mania a su trouver le bon équilibre entre les intervenants comme Carlton Cuse, créateur de Bates Motel et scénariste de Lost ou le réalisateur Jeremy Podeswa, à qui l’on doit 6 épisodes de GoT, pour le plus grand plaisir des sériephiles pointus.
Les rencontres avec l’équipe des Petits meurtres d’Agatha Christie ou Patrick Duffy, un des invités d’honneur, satisfaisant le grand public. « La télévision évolue continuellement et c’est excitant », a confié le héros de L’homme de l’Atlantide et de Dallas. « Dallas a changé la télévision, pas seulement dans ce que le public attend, mais aussi dans ce qu’il est prêt à accepter », a confié celui qui a commencé sa carrière il y a 40 ans.
RDV INCONTOURNABLE POUR LES PROS
L’imposant Forum Séries Mania a attiré près de deux fois plus de professionnels qu’il en attendait, parmi eux le patron de Netflix, Reed Hastings ou encore Álex Pina, le créateur de la série La Casa de Papel. Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, a choisi ce lieu avec la RAI (Italie) et la ZDF (Allemagne) pour annoncer la fondation d’Alliance, un regroupement audiovisuel européen ayant pour objectif de pouvoir financer et proposer aux téléspectateurs des projets de fictions de plus grande envergure.
« J’ai été impressionné, non seulement par les séries présentées, mais aussi par ce festival si bien organisé, conçu à la fois pour le public et les professionnels. Laurence Herszberg a fait un travail incroyable », a salué Chris Brancato.