On le surnomme « l’homme de glace » mais c’est pour mieux réveiller son feu intérieur. Alors qu’il s’entraîne depuis trente ans dans les conditions les plus extrêmes qu’offre la nature, le Néerlandais Wim Hof a développé une méthode baptisée de son nom, qui repose sur la respiration, un certain état d’esprit et l’exposition au froid. On a testé pour vous le tout premier stage organisé à Nouméa… Et on a adoré !
Par Coralie Cochin
Vaincre sa peur du froid quand on vit dans un pays chaud, il faut vraiment être givré ! Et pourtant, ils étaient quelques-uns, à Nouméa, à parler des bienfaits de cette méthode depuis quelques mois déjà (lire ci-contre). Quand on a appris qu’un instructeur officiel faisait spécialement le déplacement jusqu’en Nouvelle-Calédonie, on s’est jeté à l’eau sans hésiter. Même pas peur ! (Enfin, juste un chouïa, pour être tout à fait honnête). Dispensé durant tout un week-end par Mathieu Schlachet, qui a appris la méthode aux côtés de Wim Hof en personne, ce stage s’est révélé bien plus qu’une initiation : il a plutôt ouvert les portes vers un voyage intérieur.
Après une longue et indispensable introduction, tant la méthode peut s’avérer extrême au premier abord, les participants sont invités à se rapprochés du spa pour plonger leurs mains dans une eau à 10 degrés. Fastoche ? Détrompez-vous ! Le contact du froid sur des extrémités comme les mains se révèle au contraire très douloureux et sera, pour beaucoup de participants, la partie du corps la plus difficile à garder sous l’eau, pendant l’immersion intégrale. Douleurs dans les poignées, comme si on vous les comprimait, palpitations au cœur…
L’eau est peut-être à 10°C mais le ressenti, lui, frôle la température des eaux glacées du Pôle Nord. L’assistance est calmée d’emblée.
UN PIC D’ADRÉNALINE
Quand Mathieu Schlachet propose de nous préparer à l’immersion du corps avec quelques exercices de respiration par le ventre, tout le monde retourne à son tapis et s’exécute. Car la respiration est l’instrument clé pour accueillir le froid. Les exercices reposent sur des inspirations par le nez et des expirations par la bouche, avec des semi-apnées plus ou moins longues. Par ce système d’hyperventilation, on cherche à augmenter son rythme cardiaque et son taux d’adrénaline… « de 300%, c’est plus qu’un saut en parachute ! », précise l’instructeur. Effet planant garanti, même en restant sur le plancher des vaches.
Puis vient « le » moment. Celui du bain dans une eau à 5°C, pour une durée de trois minutes. Par groupes de cinq ou six, les participants se faufilent entre les glaçons : d’un seul coup pour les plus téméraires, centimètre par centimètre pour d’autres. Les toutes premières secondes sont rafraichissantes. Normal, il fait 30°C dehors. Mais vite, l’expérience prend une autre tournure. Le cœur commence à palpiter, le froid saisit les membres et le cerveau nous intime l’ordre de sortir d’urgence.
C’est là qu’intervient la force du groupe, porté par l’effet hypnotique du hang, cet instrument de percussion qui rappelle le gamelan indonésien. Main dans la main ou yeux dans les yeux, les participants font circuler entre eux l’énergie et la volonté qui permet à chacun de tenir bon, malgré la douleur.
ALLUMEZ LE FEU !
Mais à quoi bon souffrir ? Eh bien, pour apprendre à mieux tolérer la douleur et à travailler sur l’acceptation et le lâcher prise, en parvenant à se détendre dans une situation de danger. Et pour ça, la respiration se révéle une arme fatale. En se recentrant sur son inspiration et son expiration, l’exposition au froid devient de moins en moins douloureuse. Pendant l’immersion, certains parviendront même à basculer vers une sensation agréable.
Après cette matinée forte en émotions, l’après-midi est consacrée à la découverte des massages russes, que l’on pratique avec l’intégralité du corps, aussi bien ses poings, que ses pieds ou ses tibias. Si vous connaissez l’intensité des massages thaïs, dites-vous que c’est un peu plus douloureux encore. Mais là aussi, la respiration est salvatrice et les bienfaits réels.
Le lendemain, on remet ça, avec une immersion de sept minutes, cette fois. Là encore, l’effet de groupe opère. Certains pousseront même la chansonnette pour accueillir plus facilement la douleur. Au bout de douze refrains d’« Allumez le feu » de Johnny Hallyday, la petite flamme intérieure vient enfin réchauffer le corps dans cette eau glacée. Le feu intérieur n’est plus seulement une expression, on peut le ressentir dans son ventre, dans ses membres. Cette sensation d’énergie débordante, beaucoup la ressentiront plusieurs jours après ce stage revigorant. Et depuis, ils en demandent encore.
Retrouvez l’interview de Mathieu Schlachet, instructeur de la méthode Wim Hof dans la rubrique « Interview ».
BRUNES OU BLANCHES
Le froid aide à transformer nos graisses blanches en graisses brunes. Les nourrissons présentent eux aussi ces fameuses graisses brunes pour les aider à se thermoréguler.
LE SAVIEZ-VOUS ?
A température égale, le corps humain perd 25 fois plus de chaleur dans l’eau froide que dans l’air froid. Et contrairement aux idées reçues, il est déconseillé de faire des mouvements, au risque de se refroidir plus vite.
DES ADEPTES DE WIM-HOF À NOUMÉA
Avant de faire venir Mathieu Schlachet en Nouvelle-Calédonie, Guy Winckler, Calédonien d’adoption, avait commencé ses premières expériences d’exposition au froid dans un… congélateur rempli d’eau glacée. Rapidement, ses sessions ont fait des émules. Une petite communauté s’est créée depuis autour de cette méthode et un deuxième stage devrait être organisé dans le courant de l’année avec Mathieu Schlachet. Cette méthode peut être utilisée « dans des situations moins extrêmes, même en Calédonie », précise Guy Winckler.
Prendre une douche froide tous les matins, se baigner en rivière même l’hiver, plonger sans la combinaison triple épaisseur ou sortir prendre l’air même quand il vente ou qu’il pleut… Voilà autant de déclinaisons pour ressentir tous les bienfaits du froid.
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