La fessée a été formellement interdite par un vote définitif du Parlement début juillet. Alors que la société a besoin de restaurer de l’autorité, la nouvelle loi interdisant toute forme de violence dans l’éducation des enfants vient d’être votée ! La France devient ainsi le 56e pays à interdire ce type de violences éducatives ordinaire. Loin de nous l’idée de faire l’apologie de la maltraitance ou de la violence envers lesquelles il existe déjà des dispositifs juridiques nécessaires, mais n’est ce pas là une intrusion du législateur dans le cocon familiale et ses méthodes éducatives ?
Par Kaëchel Mostah
Le fait de priver les parents du pouvoir de donner une fessée ou de réprimander leurs enfants (puisque cette loi prévoit aussi les cris et les menaces), est sans aucun doute, très paradoxale compte tenu du fait qu’on les prive d’un levier dans leur autorité tout en leur demandant de la restaurer… Mais comme nous le disions plus haut, c’est surtout une intrusion invasive dans la vie des ménages et leur sphère familiale. Cela ne manquera certainement pas de semer des doutes et des suspicions dans les familles. Dommage, à l’heure où les parents ont plus que jamais besoin de soutien, ils vont se retrouver de facto en position d’accusés potentiels. Nous n’osons imaginer les dérives qui pourraient en découler…
Cette loi prévoit aussi qu’il sera interdit de laisser pleurer un bébé seul. Et même si aucun parent ne souhaite abandonner son enfant à un interminable chagrin, on sait que l’angoisse de la séparation peut engendrer une tristesse colérique très profonde : c’est de cette manière que les enfants apprennent que malgré les pleurs, et après un laps de temps, le parent revient et n’a pas disparu pour toujours. Cet apprentissage est indispensable pour sa construction, et céder en permanence à tout, ne l’aide pas à se construire. Laisser pleurer un enfant (en le veillant de loin) est depuis des siècles la meilleure méthode pour qu’il cesse de pleurer définitivement et qu’il grandisse.
Cette loi sera malgré tout purement injonctive et moralisante et dépourvue d’effets pénaux contraignants. Elle sera simplement lue lors des mariages au titre de l’article 371-1 du Code civil concernant « l’autorité parentale relativement à la personne de l’enfant ». Quel est le but de cette loi ? Infantiliser les parents ? Les sermonner, plutôt que de renforcer le discours d’autorité dont ceux-ci devraient être les premiers dépositaires ? Ne serait-il pas plus utile de renforcer les moyens effectifs des services de protection de l’enfance qui sont souvent en difficulté ?
Chacun sa place dans l’Histoire
L’enjeu ultime pour chaque parent consiste à faire de leur enfants des êtres heureux et épanouis, mais surtout capables de résister à leurs désirs, d’accepter leurs frustrations, de les différer voire parfois d’y renoncer.
Les fessées et petites corrections éducatives vont permettre aussi symboliquement de souligner l’absence de symétrie dans la relation parent/enfant. En ce sens, elles sont également porteuses de sens. Cette asymétrie est aussi, plus profondément, ce qui structure anthropologiquement le respect dû aux aïeux, aux ancêtres, à l’Histoire qui nous précède, sur le plan personnel comme sur le plan collectif.
Gérer la « pulsion de plaisir » qui caractérise l’enfant, doit se faire de manière constructive dotée d’un effet d’enseignement inscrit dans l’expérience et le long terme. Le désir de satisfaction, le refus d’accepter les règles ou d’obéissance sont des réactions que l’enfant ne peut contenir parfois et face auxquelles une petite fessée ou une petite claque permettent le plus souvent d’y mettre un terme.
La Suède, pionnière dans l’interdiction de la fessée, n’a-t-elle pas engendré une génération d’enfants-rois ?
Le pays est régulièrement désigné comme modèle en termes d’éducation. Mais même la perfection a ses travers… Très rares sont ceux qui osent sortir du silence afin de dénoncer les effets désastreux de ce système qui pénalise les parents. Les théories développées par David Eberhard, un psychiatre suédois, père de 6 enfants et auteur du livre « Comment les enfants ont pris le pouvoir » publié en 2013, a suscité une vive polémique en Suède, l’auteur prédit un avenir très sombre à ces enfants que l’on a trop gâtés. Il souligne ainsi que les enfants choyés de Suède sont devenus des enfants-rois, plus capricieux et fréquemment incapables de faire face aux frustrations et difficultés du destin une fois parvenus à l’âge adulte. « Ils ont tendance à tout décider dans les familles : quand se coucher, quoi manger, où partir en vacances, même le programme télé (…). Ils crient s’il y a des adultes qui parlent à table, ils vous interrompent sans arrêt. D’une certaine façon, les enfants en Suède sont mal élevés ». Mal élevés, et surtout, de futurs adultes dépressifs et insupportables !
Sans défendre le droit à mettre des fessées, Eberhard estime que de cette interdiction est née un certain nombre de dérives comme l’interdiction tacite de gronder, punir, ou contredire un enfant. Sans parler des très nombreuses plaintes qui sont portées en mode intrafamilial, souvent complètement farfelues.