Devenir un influenceur sur les réseaux sociaux est devenu un phénomène de mode dans la société dans laquelle on vit. Les tutos sur « Comment devenir un influenceur » foisonnent et rendent encore plus accessible cette tendance. Ce phénomène attire de plus en plus de jeunes qui voient dans cette nouvelle forme de « célébrité » également un moyen de se faire de l’argent. Depuis quelques années, ils prennent de plus en plus de place dans le marché du tourisme. Que ce soit côté influenceur, voyagiste ou voyageur, quels sont les réels impacts de la pratique du marketing d’influence sur le tourisme ? Qui en profite et comment ? Enquête sur un nouveau métier d’avenir (ou pas).
Par Kaëchel Mostah
CÔTÉ INFLUENCEURS
Le boulot d’influenceur fait rêver : on voyage, on poste, on influence et on est sponsorisé par une marque ou un acteur du tourisme… Ça paraît simple mais sachez que ce ne sont pas des vacances malgré le côté “hyper cool” de la “job description” : il faut travailler sur son contenu, la qualité de ses photos, agrandir sa communauté de followers etc. Sachez aussi que rares sont ceux qui percent et vivent de leur influence. On appelle ces derniers des major-influenceurs, un titre dont ils héritent à partir de 100 000 followers. Les autres entrent dans la catégorie des micro-influenceurs – à partir de 10 000 followers – et se contentent pour la plupart de partenariats qui leur permettent au mieux de financer des voyages. Comment faire pour passer dans la catégorie “major” ? D’après Bruno Maltor, célèbre blogueur-influenceur de 27 ans – 2 millions de visiteurs uniques sur son blog Votre Tour du Monde et une communauté de 350 000 followers -, l’identité est capitale. Il faut la construire et la cultiver. Il est aussi nécessaire d’être libre par rapport à son contenu et d’établir une relation de confiance avec ses partenaires. Le rapport avec sa communauté de followers est aussi très important. Bruno Maltor n’hésite pas à dire qu’“il vit et interagit” avec la sienne. Vision et expériences personnelles du voyage, telles sont les clés de la réussite d’un influenceur. A vous de trouver votre recette magique pour attirer des followers et les fidéliser et bien sûr développer des collaborations fructueuses.
CÔTÉ INFLUENCES
Finalement, quand on y réfléchit, les influenceurs ont toujours existé… Depuis des siècles, des écrivains, des personnalités politiques, des stars de cinéma, des sportifs de haut niveau, des artistes du show business ont mis des destinations à la mode, mais aussi des coupes de cheveux, des types de vêtements et autres accessoires… Avec l’avènement des réseaux sociaux, chacun peut faire sa star de cinéma, avoir un compte Instagram, une chaîne Youtube etc… et se lancer dans le marketing de l’influence. Et ça marche puisque d’après une étude de l’entreprise d’études marketing Harris Interactive réalisée en 2018, 80% des personnes déclarent avoir une idée de ce qu’est un influenceur et 50% des 18-24 ans certifient suivre au moins l’un d’eux sur les réseaux sociaux. D’autre part, tandis que 79% des personnes voient en eux des partenaires des marques, engagés dans des démarches de promotion, 41% des plus jeunes les considèrent plus comme des experts qui savent rester indépendants dans leurs conseils. Enfin un tiers des personnes interrogées avoue avoir déjà été influencé dans leur comportement par un blogueur-influenceur. On comprend pourquoi les marques et les voyagistes ont vite saisi la manne…
CÔTÉ MARQUES ET VOYAGISTES
La philanthropie n’est pas le but premier d’une entreprise. Concrètement, que leur apporte donc un acoquinement avec un influenceur ? D’abord une autre forme de publicité. Toujours selon la même étude de Harris Interactive, 41% des personnes estiment que la communication d’influence est plus efficace que la publicité traditionnelle. De plus, recourir à des influenceurs permet de cibler le type de public que l’on veut toucher. Bien sûr, les acteurs du tourisme cherchent à collaborer avec des influenceurs pour vendre mais ils cherchent aussi à valoriser et à développer leur image de marque grâce à des contenus plus personnels, naturels et inspirants. Du coup, les conséquences se font sentir auprès des médias traditionnels : tandis que les voyages de presse se réduisent beaucoup, les influenceurs courent par monts et par vaux sur la planète… Les journalistes spécialisés dans le tourisme et le voyage sont-ils menacés pour autant ? Probablement pas, car il s’agit de deux métiers totalement différents qui peuvent tout à fait coexister. Les premiers ont une règle : la liberté d’expression. Les seconds font partie d’un écosystème géré et contrôlé par les marques. Restent aux acteurs du tourisme à ne pas faire la confusion !
NÉBULEUSE ÉCONOMIQUE
Il est encore difficile aujourd’hui de connaître le retour sur investissement des marques et des voyagistes qui se sont lancés dans des partenariats avec des influenceurs. Difficile de savoir aussi combien ces derniers touchent : les major-influenceurs sont très discrets sur leur chiffre d’affaire. Une chose est sûre, le nombre d’influenceurs augmente. Mais parmi eux, on voit aussi apparaître une vague de roublards qui ne cherchent qu’à se faire financer des voyages gratuits. Du coup, les acteurs du tourisme sont de plus en plus attentifs et réalisent un vrai travail en amont avant de s’engager. Autre tendance : une certaine lassitude des internautes devant des photos répétitives, filtrées façon selfie et redondantes – moi devant le Taj Mahal, le Mont-Saint-Michel, le London Eye, en combinaison de plongée etc -. Du coup, un nouveau genre d’influenceurs commence à avoir la côte : celle des nano-influenceurs dont les contenus sont de qualité et plus ciblés.
UNE SOLUTION : LE MICRO-INFLUENCEUR ?
Lors de l’apparition des premiers influenceurs, les gens avaient confiance du fait de leur position de leaders d’opinion. Cependant, petit à petit, les followers ont commencé à se rendre compte que les personnes qu’elles suivaient ne donnaient pas simplement leur avis sur un produit ou une marque mais qu’elles étaient payées pour ça. Cela a commencé à remettre en question l’intégrité de ces personnes en lesquelles ils avaient confiance. Si on ajoute à cela une communauté qui comporte une majorité de faux comptes, cela ne fait qu’empirer les choses.
Pour retrouver cette sincérité et cette transparence, les entreprises ont trouvé une solution et se tournent de plus en plus vers le micro-influencing ou « magic middle » qui sont des « petits » influenceurs très spécialisés. Leurs interventions sont jugées plus spontanées et authentiques et sont d’autant plus appréciées. Cela se remarque notamment par le fait que leur communauté a un taux d’engagement plus élevé que pour de traditionnels influenceurs.
Une conclusion assez évidente que l’on peut en tirer est que malgré la société dans laquelle on vit, qui nous pousse à être de plus en plus actif sur les réseaux sociaux et cette pression qui poussent les jeunes vers la popularité, cela ne va pas forcément de pair avec une grande communauté, surtout quand celle-ci est majoritairement composée de faux compte. L’authenticité et la confiance sont deux valeurs qu’on oublie un peu trop à notre avis et qui sont inéluctablement le futur du Marketing d’Influence Sociale.
LES INFLUENCEURS SENIORS VOYAGES
Dans le grand virage de l’émergence des influenceurs digitaux, toutes les classes d’âges sont concernées et les seniors ne sont pas en reste ! Loin de se cantonner à leurs maisons de retraites, ils éblouissent la toile avec leur volonté de voyager, leur candeur face aux nouvelles technologies ou encore leur positivisme devant la vieillesse. Quand on pense “seniors” on fait souvent un rapprochement avec la maison de retraite ou un état statique et reposant. Mais que nenni ! Dans la famille des influenceurs voyage, nous demandons les seniors. Ces derniers n’hésitent pas à arpenter le monde pour explorer de nouveaux horizons. C’est notamment le cas de Youngsenior, un homme de 70 ans qui impressionne sa famille au quotidien en tenant son blog de voyage en Europe et ailleurs. Tout aussi aventuriers, on trouve Seniors en vadrouille, un couple qui a décidé de faire le tour du monde pendant leur passage à la retraite.