On croyait nos cosmétiques plus sûrs depuis la suppression des parabènes. Mais les conservateurs qui les ont substitués sont bien plus allergisants. Décryptage avec les gels douche, qui cachent bien leur jeu derrière leur jolie mousse.
Des gels moins lisses qu’il n’y paraît
Les gels douches que nous consommons concentrent 10 à 40 ingrédients, dont des agents lavant, hydratants et émollients -pour faire glisser le produit sur la peau. Ils contiennent aussi du parfum, synthétique dans la très grande majorité des cas, et des conservateurs, destinés à empêcher la prolifération de bactéries au contact de l’air. Et la mousse, nous direz-vous ? Il faut être réaliste, pour obtenir ces jolies bulles, les fabricants ont recours à la chimie. Ils ajoutent du sodium laureth sulfate, un produit très irritant pour la peau, que l’on retrouve dans la composition du liquide vaisselle ou des détergents industriels. Regardez bien l’étiquette de vos produits, vous être presque sûrs d’en trouver.
Sans parabènes ne veut pas dire sans risques
Décriés pour leurs effets perturbateurs sur le système endocrinien, les fameux parabènes ont disparu ces dernières années de tous les cosmétiques ou presque, y compris les gels douches. Malheureusement, ces conservateurs ont été remplacés par une molécule plus nocive encore. Il s’agit de l’isothiazolinone, composante du méthylisothiazolinone et du méthylchloro-isothiazolinone, deux ingrédients dont les effets très allergisants ont été prouvés scientifiquement. Ils peuvent être la cause d’œdèmes, d’eczéma… Et ces études ne datent pas d’hier. Il y a vingt déjà, ces conservateurs étaient bannis des produits de beauté. Les voilà qui font leur grand retour dans l’immense majorité des gels douche pour pallier la suppression des parabènes.
Hypoallergénique en veux-tu en voilà
Si cette mention apposée sur de nombreuses étiquettes rassure, elle n’est encadrée par aucune loi. Elle se base uniquement sur des tests effectués sur moins d’une centaine de personnes en moyenne. Certaines marques ont développé leur marketing autour des bienfaits pour la santé en garantissant un produit hypoallergénique. Un contresens, quand on sait que les mêmes industriels utilisent ces conservateurs très allergisants, cités plus haut. De nombreuses références vendues en supermarchés (Dove, Le Petit Marseillais, Fa, Palmolive…) et même en pharmacie (Ducray, la Roche-Posay, Avène,…) ont recours à ces ingrédients pourtant déconseillés par le syndicat européen des fabricants de cosmétiques. Bien que la loi autorise les fabricants à utiliser ces conservateurs jusqu’à 0,01 % de la composition, de nombreux dermatologues dénoncent la dangerosité de ce produit, qui pose un réel problème de santé publique.
Après le slow food, le slow cosmétique
Des gels douche naturels existent. Si vous n’avez pas l’énergie à déchiffrer toutes les étiquettes du rayon beauté, optez pour une marque certifiée « bio », par un label reconnu (QualitéFrance, Ecocert, Cosmebio…) Chez Weleda, par exemple, de la colle bio issue de la fermentation de blé est utilisée comme conservateur naturel. D’autres marques sont également recommandées : Melvita, Dr Hauschka, Coslys… Vous les trouverez en pharmacie ou dans les boutiques spécialisée comme Biomonde ou La Vie Claire, qui ne travaille qu’avec des produits labellisés. Sans être forcément informée de toutes les dérives de l’industrie cosmétique, la clientèle de ces magasins « est dans une démarche de produits naturels ». Un nouveau courant est né : le « slow cosmétique », à l’image du slow food, qui encourage la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. Plus coûteux à la fabrication, ces gels douches, crèmes ou démaquillants « bio » sont aussi vendus plus chers en rayon.
Et le savon dans tout ça ?
Moins glamour que les flacons acidulés aux vertus apaisantes ou aphrodisiaques, le savon représente une option bien plus écologique grâce à l’absence d’emballage et de produits synthétiques. Le vrai savon de Marseille ne doit contenir que quatre ingrédients : de l’huile d’olive, de la soude, de l’eau et du sel. Le savon d’Alep, quant à lui, est toujours distribué mais sa production est plus difficile. Si vous avez la peau sensible, privilégiez un savon surgras, enrichi en glycérine ou en huile végétale pour éviter les tiraillements après la douche. Evitez le savon sur le visage, il a tendance à dessécher la peau. Et pourquoi ne pas fabriquer votre propre savon ? Plusieurs livres ou sites Internet proposent des recettes.
Pour en savoir plus
Le reportage de France 5, « Gels douche, peaux sensibles s’abstenir » a fait le buzz après sa diffusion. Certaines marques, comme Lush qui garantissait une composition 100 % naturelle, ont répliqué, tout en reconnaissant certains manquements.