Référencement, stratégie sur les réseaux sociaux, blog… Les entreprises calédoniennes se mettent petit à petit au digital mais le chemin à parcourir est encore long. Tour d’horizon. Comme le montrait l’étude publiée par l’Observatoire du Numérique paru en Janvier 2018, plus de 77% des Calédoniens déclarent utiliser personnellement internet. La croissance des forfaits internet mobile était quant à elle de +28% entre décembre 2016 et juin 2017. Ce n’est donc pas un euphémisme de parler de raz-de-marée digital. Il est par conséquent primordial que les entreprises intègrent le digital au cœur de leur stratégie. Mais qu’est-ce qu’une stratégie digitale ?
Notre consultant en stratégie digitale à Nouméa l’explique : « Derrière ce terme obscur se cache finalement quelque chose d’assez simple. Une stratégie digitale n’est ni plus ni moins qu’un plan d’actions numériques conçu pour répondre à un ou plusieurs objectifs définis. Par exemple un de vos objectifs pourrait être de générer 25% de visites supplémentaires sur votre lieu de vente d’ici 1 an par l’intermédiaire de votre site web. La stratégie digitale regrouperait alors l’ensemble des actions à mener sur internet au cours de l’année à venir pour atteindre cet objectif. »
OÙ EN EST-ON EN NOUVELLE-CALÉDONIE ?
Si bon nombre d’entreprises calédoniennes sont présentes sur Facebook, beaucoup n’utilisent pas tout le potentiel qu’offre internet pour développer leurs activités commerciales. Pourtant, avec le développement du numérique et l’évolution des usages, notamment sur mobile, les entreprises doivent absolument travailler leur présence en ligne de manière plus globale.
Or, une stratégie digitale ne s’improvise pas. Il est impératif de maîtriser tout le périmètre du numérique pour mettre en place les actions qui seront les plus efficaces. « Les entreprises Calédoniennes doivent apprendre à se positionner sur le web avec un budget cohérent et des ressources dédiées, qu’elles soient internes ou externes. Il faut faire des choix dimensionnés pour la structure, techniquement corrects et qui puissent fonctionner en toute sécurité », commente Eric Olivier, chargé de projet à l’Observatoire du numérique de Nouvelle-Calédonie.
Actuellement, une quarantaine de structures dépassant les 240 salariés peuvent se targuer d’utiliser des outils en ligne mais les usages des entreprises calédoniennes restent très classiques avec, notamment, des services génériques gratuits tels que Google ou Dropbox. « Elles utilisent assez peu de services développés en local. Il est désormais nécessaire que les entreprises mettent en place une stratégie numérique pour développer au mieux leur économie, au pire, leur survie », assène Éric Olivier.
BIENVENUE À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE
On l’aura compris, en tant qu’entreprise nous devons être présent sur internet, mais concrètement, il faut faire quoi ?
La stratégie digitale idéale est celle qui sera adaptée à votre marché, à vos moyens et à vos objectifs Difficile par conséquent de répondre à la question de manière générique. Cependant si l’on devait définir une stratégie digitale efficace ce serait sans doute un marketing de contenu performant associé à un mix digital équilibré.
« Le contenu est R.O.I. », (Return of Investment)
La création de contenu est devenue un élément indispensable à toute stratégie digitale, que ce soit pour se positionner, pour communiquer sur les réseaux sociaux ou pour répondre aux interrogations des clients. Avec la place qu’a prise internet et les réseaux sociaux comme source de divertissement et d’information, les entreprises n’ont plus le choix : si elles veulent exister en ligne, elles doivent communiquer et être présentes là où se trouvent leurs clients.
« Sécuriser sa visibilité »
Un mauvais choix technologique au départ ou de mauvaises pratiques pourraient avoir des conséquences désastreuses pour une entreprise. Nous sommes bien souvent tributaires de sociétés ou de technologies que nous ne maîtrisons pas (Google, Facebook, etc) Si demain vous perdez ce levier qui générait un pourcentage conséquent de votre chiffre d’affaire, qu’adviendrait t-il ? Un bon mix digital n’est pas une option, c’est fondamental : idéalement une stratégie d’acquisition de trafic pérenne devrait être constituée de 25% de trafic depuis les réseaux Sociaux, 25% depuis les moteurs de recherche, 25% depuis la publicité et 25% en direct. Si l’un ou l’autre venait à disparaitre ce serait beaucoup moins dramatique pour l’entreprise.
LE E-COMMERCE
La plupart des achats sur les sites locaux sont : les billets d’avion, la billetterie en ligne (concert, évènements sportifs, etc.) et les réservations d’hôtel.
Pour Éric Olivier, de l’Observatoire du numérique il faudrait qu’il y ait plus de « points-relais » sur le territoire pour que les achats d’objets « physiques » en ligne se développent. L’apparition de Marketplace (site qui regroupe des produits de plusieurs entreprises) a permis aux entreprises calédoniennes de tester à moindre coup la vente en ligne. Toutefois, de nouveaux projets se développent à l’image de easycourses.nc que nous avons interviewé pour ce dossier.
Questions à Quentin Bertrancourt, gérant de www.easycourses.nc
Actuel : Qu’est-ce que easycourse.nc et que proposez-vous ?
Q.B : EASY COURSES est un concept de supermarché sur internet, l’idée c’est de faire ses courses en ligne: Épicerie salée, Épicerie sucrée, Frais, Surgelés, Hygiène & beauté, Maison & entretien, Animalerie etc. Nous proposons deux modes de distribution : la livraison à domicile ou la récupération en voiture dans nos locaux. Les commandes sont prêtes, c’est un réel gagne temps pour les clients.
Actuel : Pourquoi avoir décidé de vendre sur internet ?
Q.B : C’est un moyen de vendre à distance facilement, rapidement, et sans se déplacer. Internet nous permet d’offrir un service aux personnes sans transport, de leur donner accès à des produits qu’ils ne peuvent pas trouver autour de chez eux, et tout ça rapidement depuis un ordinateur ou un téléphone.
Actuel : Qui sont vos clients ?
Q.B : Les clients présentent des profils compléments différents. Nos clients sont aussi bien des familles avec plusieurs enfants, que des personnes seules avec des contraintes de temps ou de transport.
Actuel : Quels supports avez-vous choisis pour faire votre promotion en ligne ?
Q.B : Nous travaillons avec les outils les plus connus de la toile : Facebook et Google. Ceux sont des outils assez complexes à utiliser mais qui nous permettent de communiquer efficacement. Nous sommes également présents sur Instagram et Tweeter, ces réseaux sont encore malheureusement peu trop utilisés en Nouvelle-Calédonie.
Actuel : Autre chose à ajouter ?
Q.B : Le digitalisation et internet, c’est le futur. Digitaliser ses outils permet de gérer efficacement, et d’optimiser les process.
Contact Tél : 23 80 06 – 98 56 83 – commercial@easycourses.nc
FLEURISTE 2.0
La fleuriste Aurélie Guillaume a créé le site web flowershop.nc où elle vend des fleurs en ligne. Marché de niche, elle réalise 10 % de son chiffre d’affaires grâce à son site.
Actuel : Pourquoi avez-vous mis en place une stratégie digitale pour vendre des fleurs ?
Aurélie Guillaume : Nous sommes d’abord un fleuriste traditionnel avec 3 boutiques. Nous avons « ouvert » notre boutique en ligne en décembre 2012, c’est un projet que nous avions depuis quelques années et nous avons pris le temps de le murir. Notre choix s’explique d’abord par une grande curiosité pour les nouvelles technologies, notre équipe est jeune et dynamique, Internet fait partie de notre quotidien, et nous avions une réelle envie de nous développer. À l’époque nous étions les premiers fleuristes locaux à s’installer sur Internet, oui, il y avait un réel manque.
Nous souhaitions surtout faciliter la démarche, la personne qui veut offrir des fleurs n’a plus besoin de se déplacer, depuis la maison, du bureau, de l’étranger il suffit de quelques clics, et le bouquet est envoyé !
Actuel : Qui sont vos clients «en ligne» ?
A.G : Notre site est exclusivement dédié à la livraison de nos produits de Nouméa à Tontouta. Notre clientèle est majoritairement locale, depuis l’ensemble du Territoire, mais nous avons aussi des clients de métropole et du reste du monde. Les occasions ne manquent pas pour envoyer des fleurs, que ce soit en ligne ou dans nos boutiques traditionnelles le plaisir d’offrir, les anniversaires et les deuils sont les plus courantes.
Actuel : Quels supports avez-vous choisis pour faire votre publicité sur le web ?
A.G : Concernant la communication, nous avons des annonces sur des sites locaux et notre agence de communication se charge de notre publicité en ligne via Google. Nous sommes présents sur Instagram depuis peu mais c’est notre fan page Facebook qui renvoie directement sur notre site qui est notre principal canal de communication, avec plus de 20 000 fans ! Pour notre site, nous avons privilégié les supports en ligne, déjà parce que c’est là que se situe notre cible. Mais aussi pour des raisons de coûts et de flexibilité, la publicité en ligne nous permet d’atteindre au plus près nos consommateurs, elle est très adaptée à nos besoins. En un clic, vous êtes sur notre site. Pour autant, il nous arrive encore bien sûr d’utiliser des supports de communication plus traditionnels, pour toucher aussi les personnes qui sont moins souvent sur Internet.
Actuel : Quelle part de votre chiffre d’affaires représente les ventes en ligne ?
A.G : Notre site représente environ 10% de notre chiffre d’affaires, nos « e-clients » sont aujourd’hui une clientèle d’habitués qui donnent confiance dans le système à de nouveaux clients, séduits par l’aspect pratique de la boutique en ligne. Nous sommes très satisfaits de ce résultat.
Plus d’infos : www.flowershop.nc
LES PROFESSIONNELS DU NUMÉRIQUE
S’il est possible de recruter ou de se former au digital en interne, il est souvent préférable pour une entreprise de passer par une agence. En effet le digital n’est pas un métier mais un regroupement de métiers (Chef de projet, développeur, webmarketeur, rédacteur, graphiste, webdesigner, community manager etc.). Difficile pour une PME de se doter de tous ces talents en interne. Pour Pierre Massenet, du syndicat du numérique, il est clair que les compétences dans les métiers du numérique sont présentes sur le territoire. Or, « les entreprises ne savent pas toujours où se diriger. Elles sont dans l’expectative, elles ne sont pas forcément prêtes à externaliser les compétences liées au digital. On doit leur faire comprendre que la stratégie digitale est un vecteur de compétitivité », indique-t-il.
Les offres d’emploi dans le secteur du digital vont se multiplier par 3,5 en 10 ans. « Nous n’arrivons pas à garder les compétences sur les territoires ou en attirer de nouvelles. Nous faisons face à un manque de formation autour du numérique. Pourtant c’est un sujet à part entière pour l’attractivité du territoire et la mutualisation du public et du privé », continue Pierre Massenet. Dans les années à venir, 20 à 30 postes par an pourraient s’ouvrir dans les métiers du développement et 10 à 20 postes par an pour l’administration des systèmes d’information. « Il faut arriver à dépasser un certain nombre d’enjeu structurant, aider les acteurs du numérique à gagner en confiance, améliorer l’offre, coordonner une vision territoriale et enfin, une gouvernance forte », soutient Pierre Massenet satisfait qu’un membre du gouvernement soit désormais en charge d’animer et de contrôler le secteur de l’économie du numérique.
QUELLES SONT LES ÉTAPES CLEFS D’UNE STRATÉGIE DIGITALE ?
Étape 1
Audit Stratégique de la présence web actuelle
Cette étape bien que primordiale est souvent négligée. Elle permet pourtant d’avoir un état des lieux de l’existant, des forces, faiblesses, contraintes, opportunités de l’entreprise en interne et face à ses concurrents.
Étape 2
Intégrer le digital au sein de la stratégie globale
Même si cela peut paraître évident il est indispensable que la stratégie digitale soit adoptée et valorisée par les équipes dirigeantes, de sorte que l’ensemble de la communication de l’entreprise soit en cohérence et que les actions soient coordonnées à la fois on et off line.
Étape 3
Définir des objectifs
Comme toute action de communication, la stratégie digitale doit avoir des objectifs clairs et bien définis : Notoriété, visibilité, acquisition, fidélisation, développement, e-commerce, etc… Chaque action du futur plan d’action répondra au moins à l’un de ces objectifs.
Étape 4
Savoir à qui elle s’adresse
Cette étape-là est elle aussi souvent laissée de côté pourtant, identifier et profiler ses buyers personas (clients idéaux) est indispensable pour que tous les acteurs qui participent à la mise en place de la stratégie digitale sachent à qui ils s’adressent et qui sont leurs publics cibles.
Étape 5
Choisir où communiquer
L’étape précédente va également permettre de choisir sur quels canaux digitaux l’entreprise doit être présente. C’est indispensable pour la mise en place d’un plan d’action qui répondra aux objectifs préalablement définis.
Étape 6
Définir les ressources et le budget
Afin que l’opérationnel soit correctement appliqué, il faut définir qui fera quoi et quel sera le budget annuel dédié au plan d’actions digitales.
Étape 7
Construire un Plan d’action
Maintenant que nous connaissons nos forces, nos objectifs, nos clients idéaux, où communiquer et que nous avons défini un budget, il nous faut élaborer un plan d’actions pour l’année à venir.
Étape 8
Choisir des indicateurs clefs de performance
Savoir quelles métriques suivre et pourquoi, va nous permettre de créer un véritable tableau de bord et d’assurer le suivi et la mesure en temps réel des différentes actions entreprises.
Article te propose recueillis par un consultant en stratégie digitale et Noémie Debot-Ducloyer