Il est au service réanimation du médipôle tous les jours et en première ligne face à la crise du Covid-19. Portrait d’un soignant dont la seule volonté est d’accompagner au mieux chaque patient.
“On aurait pu éviter cette situation”. Alors qu’il travaille au service réanimation du médipôle depuis bientôt sept ans, Alexandre Herisse, infirmier, est en première ligne lors de cette crise sanitaire. “Sur cette dernière vague, c’est le branle-bas de combat. Lorsque l’on a appris que des cas autochtones avaient été détectés, on a su que ‘c’était foutu’, que c’était la fin du statut Covid Free. On se doutait que le virus allait arriver sur le territoire, mais on a été choqué par l’affluence de patients. On a très rapidement été saturés », précise l’infirmier.
Aujourd’hui, le médipôle compte 55 patients en réanimation. Pour obtenir ce nombre de lits, ce ne sont pas moins de 5 secteurs qui ont été dédiés aux cas covid-19. “On compte 4 infirmiers par secteur. Tout est plein, dès qu’une place se libère elle est aussitôt remplacée par un autre patient en réanimation.”
Une journée type en réanimation pour Alexandre, c’est un planning bien rôdé : vérification de sécurité, médicaments et toilettes des patients, aide et accompagnement, suivi des prescriptions des médecins, vérification des constantes vitales, tour de surveillance toutes les trois heures… Un rythme effréné qui ne s’arrête pas depuis le 6 septembre, date de détection des cas autochtones sur le Caillou. “On va dire que pour l’instant je ne ressens pas un épuisement, on ne peut pas se permettre un relâchement, mais l’arrivée de la réserve sanitaire a été salvateur et cela facilite le travail”, précise l’infirmier. Il ajoute : “Certains de mes collègues le vivent très mal, on en discute beaucoup.”
“On ne s’attendait pas à ce que ce soit si rapide”
Durant plusieurs mois, Alexandre nous confie avoir pu échanger avec des collègues de métropole sur la situation. Une manière pour lui de se préparer à l’arrivée du virus en Nouvelle-Calédonie. Malgré tout, la situation a pris une ampleur édifiante très rapidement sur le territoire : “On avait beau avoir pris du recul et ne pas s’être fait d’illusions, il y a des cas qui se dégradent très vite et d’autres qui nous surprennent. Pour voir le positif, certains patients avec de lourdes comorbidités ont réussi à quitter le service réanimation “alors qu’on les imaginait ne pas s’en sortir. Ce sont des bonnes surprises, qui prouvent qu’il y a de l’espoir”, confie le professionnel. Alexandre Herisse, rappelle que le coronavirus touche tout le monde : “on constate que l’on reçoit en réanimation des personnes jeunes qui ont à peine 50 ans, voire moins. On a plus de 90% de nos patients qui sont non vaccinés.”
Selon lui, cette crise sur le Caillou aurait pu largement être évitée : “On avait les vaccins, on était prêt, mais la population ne s’est que très peu vaccinée. Certes le vaccin n’empêche pas d’attraper le virus, mais cela permet ‘d’éviter la casse’”. D’après Alexandre, la seule solution pour le moment est la vaccination pour se protéger soi-même et protéger les autres : “Chacun doit faire sa part face à cette crise, chaque Calédonien a un rôle à jouer”, conclut l’infirmier. À ce jour, le taux d’incidence est en baisse, toutefois, le nombre de cas en réanimation et de décès ne diminue pas. Une tendance qui, on l’espère, sera bientôt inversée.
Par Ava Skoupsky