Des femmes célèbres ont marqué l’histoire. Elles sont devenues des modèles pour les générations présentes et futures. Si certaines de ces héroïnes de pays et d’époque différentes ne s’étaient pas accrochées et battues pour leurs convictions et leur rêve, la vie serait bien différente pour les femmes d’aujourd’hui. Chacune s’est illustrée dans un combat, que ce soit le droit des femmes, la science, la politique ou les arts… Voici les portraits de certaines de ces figures qui nous inspirent.
Par Kaëchel Mostah
SIMONE VEIL (1927-2017)
“Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin”
Déportée à Auschwitz-Birkenau à 16 ans avec ses parents et ses sœurs. Elle reviendra des camps de la mort avec le numéro 78651 gravé à jamais sur sa peau. A son retour en France, le 23 mai 1945, elle s’inscrit à la faculté de droit de Paris et à l’Institut d’études politiques de Paris. Au terme de ses études, Simone devient magistrate et milite pour les conditions de vie des prisonniers. En mai 1974, Simone Veil est nommée ministre de la Santé par Valéry Giscard d’Estaing. Quelques mois plus tard, celle-ci parviendra à imposer au Parlement une loi instaurant l’Interruption volontaire de grossesse (IVG). Le 17 juillet 1979 elle est élue présidente du Parlement européen. Elle restera présidente jusqu’en 1982 et députée européenne jusqu’en 1993, date à laquelle Edouard Balladur la rappelle au gouvernement en la nommant ministre d’État en charge des Affaires sociales, de la santé et de la ville. Elle sera également membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007.
En 2008, Simone Veil avait été élue à l’Académie française et, en 2012, élevée à la dignité de Grand-Croix, la plus haute distinction de l’Ordre de la Légion d’honneur. Simone Veil est devenue la cinquième femme à faire son entrée au Panthéon, aux côtés de son mari, Antoine.
Simone Veil est et restera une figure emblématique de la France mais surtout des femmes françaises et européennes.
Simone Veil a écrit en 2007 une autobiographie à succès, « Une vie », dans laquelle elle racontait son destin de rescapée des camps, son athéisme, son féminisme. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues. Il a obtenu le prix des Lauriers Verts en 2009.
Le « prix Simone Veil »
Le président de la République a créé cette distinction pour récompenser partout dans le monde des actions en faveur du droit des femmes.
Emmanuel Macron à remis à l’Élysée (Paris) pour la première fois le prix « Simone Veil de la République française », créé pour récompenser des actions en faveur des droits des femmes, vendredi 8 mars dernier. « Ce premier prix ‘Simone Veil de la République française’ est doté d’une somme de 100 000 euros. Il rentre dans le cadre d’une politique globale, d’une diplomatie féministe voulue par Emmanuel Macron pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, pour lutter contre l’excision ou encore pour combattre le mariage forcé.
Le chef de l’État souhaite promouvoir l’émancipation économique des femmes. Plus globalement, une enveloppe de 120 millions d’euros a été débloquée par la France pour toutes ces actions partout dans le monde.
GEORGE SAND (1804-1976)
“L’homme dit : aimons pour vivre et la femme répond : vivons pour aimer”
Femme de lettre française, George Sand a laissé derrière elle une œuvre romanesque remarquable. Celle qui est connue comme la toute première femme à avoir jamais vécu de sa plume a aussi publié bon nombre de pièces de théâtre, de nouvelles, de critiques littéraires et des écrits politiques. Née Aurore Dupin, elle est une féministe de la première heure. A 25 ans, elle fait scandale quand elle signe son premier roman d’un pseudo au prénom masculin. Elle porte des costumes d’homme, fume le cigare, et entretient une relation passionnelle avec Alfred de mais pas exclusive… C’est une séductrice. Inspirée par les passions qui ont jalonné sa vie, elle se bâtera aussi bien pour son indépendance, sa liberté de penser que pour ses aspirations politiques républicaines. Ce qui ouvrira le chemin et la voie pour les autres femmes auteures.
EMMA WATSON
“La conviction que les hommes et les femmes doivent jouir des mêmes droits et des mêmes chances ”
Déjà enfant Emma Watson nous a émerveillé dans la saga Harry Potter. Aujourd’hui, l’actrice est nommée Ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes. Elle se dévoue à la campagne HerForShe qui prône l’égalité des sexes et se voit décerner le titre de la « Personnalité féministe de l’année », par l’ONG Foundation for Women. A ses 25 ans, le Time l’inclut dans le classement des 100 personnalités les plus influentes. En 2016, lors d’un discours à l’ONU, elle prend parole sur les agressions sexuelles dans les campus universitaires.
En 2018, elle confie : « Ce qui me passionne dans tout cela, c’est de m’assurer qu’il s’agit d’un mouvement global. Ce sont des femmes qui se tiennent côte à côte, des femmes et des hommes dans tous les domaines professionnels, parce qu’on sait que cela se produit partout ».
MARIE GOUZE (1748-1793)
“La femme à le droit de monter à l’échafaud elle doit avoir le droit de monter à la tribune”
Plus connu sous le nom de Olympe de Gouges, elle née en 1748 et s’éduque seule. Mariée à dix-sept ans, elle devient veuve très vite et décide de conserver sa liberté. Montée à Paris en 1770, elle devient une femme galante, fréquente les cafés du Palais Royal, se lance dans la littérature et entreprend la rédaction de pièces de théâtre. Elle se positionne comme anticolonialiste et publie en 1788 « Réflexions sur les hommes nègres ». En 1789, elle parvint à faire jouer une pièce abolitionniste « L’Esclavage des Nègres ou l’Heureux Naufrage ». Sensible aux injustices, elle ne peut que mener, à côté de ses combats politiques, économiques et sociaux, un combat spécifique et pacifique relatif à l’égalité des sexes. Elle publiera le premier grand manifeste féministe moderne, la « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » :
– « Article 1 : La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. »
– « Article 3 : Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme. »
Se mêlant de propagande fédéraliste et prenant parti pour les départements insurgés, elle fut arrêtée le 20 juillet 1793 et guillotinée le 3 novembre suivant.
MARIE CURIE (1867-1934)
“ Vous ne pouvez pas espérer construire un monde meilleur sans améliorer les individus”
Considéré comme la plus grande enseignante-chercheuse de tous les temps. Après avoir quittez la Pologne pour pouvoir faire des études, Marie Curie intègre la Faculté des Sciences de l’Université de Paris. Elle obtient une Licence de Sciences Physiques tout en ressortant major de sa promotion et y ajoute une Licence de Sciences Mathématiques. En 1896, elle défend sa thèse sur le thème de « L’étude des rayonnements produits par l’uranium ». Ayant découvert le polonium et le radium, elle a reçu maintes récompenses, dont le prix Nobel de Physique en 1903, et de Chimie en 1911. Elle est la première femme, et la seule, hommes et femmes confondus, à recevoir 2 fois cette prestigieuse récompense et sera la première aussi à enseigner à la Sorbonne. Elle inventera les « Petites Curies », qui sont des petites ambulances radiologiques et chirurgicales durant la Première Guerre Mondiale. Sa carrière scientifique accomplie, elle mettra ses découvertes au service de l’humanité et ses travaux ouvriront aussi bien les portes de la physique nucléaire que de la radiothérapie.
CLARA ZETKIN (1857-1933)
“L’émancipation de la femme, comme celle de tout le genre humain, ne deviendra réalité que le jour où le travail s’émancipera du capital”
C’est à Clara Zetkin que l’on doit La Journée internationale des femmes. En 1890 elle est la fondatrice de la revue « Die Gleichheit » qui veut tout simplement dire, L’Egalité. Clara est celle qui donnera vie aux conférences de Stuttgart et de Copenhague. Lors de cette dernière, en 1910, elle propose d’organiser une « Journée internationale des femmes » afin de militer pour le droit de vote des femmes. Ce sont des femmes de 17 pays différents qui sont venues. Elles obtiendront le droit de vote en Allemagne en 1918. Cette femme a défendu une conception du couple au sein duquel les partenaires sont égaux en droits. Elle était pour le divorce par consentement mutuel et a toujours milité pour travail des femmes, seul moyen pour elles d’accéder à l’autonomie. Clara Zetkin meurt à 75 ans à Moscou. Ses convictions lui ont survécu…
ROSA PARKS (1913-2005)
“Je voudrais que l’on se souvienne de moi comme d’une personne qui voulait être libre, pour que les autres le deviennent aussi”
Considérée comme la mère du Mouvement des droits civiques, cette figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis travaillera toute sa vie pour l’égalité des droits. En 1955, le conducteur de bus James Blake dans lequel se trouve Rosa l’oblige à céder sa place à un homme blanc. Cette dernière refuse. Elle est alors arrêtée et accusée de désordre public et de violation des lois locales. Peu après Martin Luther King lance une campagne de boycott contre la compagnie de bus. Malgré ce soutien, le 5 décembre 1955, elle recevait une amende de 15 dollars pour désordre public et violation des lois locales. Mais le mouvement s’intensifia. Finalement, le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis interdit la ségrégation raciale dans les bus, faisant de Rosa Parks une héroïne. En 1990 Nelson Mandela à sa sortie de prison lui rendit visite à Detroit.
SIMONE DE BEAUVOIR (1908-1986)
“On ne naît pas femme : on le devient.”
Simone de Beauvoir est une référence en matière de philosophie, une romancière et une essayiste française qui s’oppose au mariage et se lance sur des pistes de réflexion concernant la liberté et l’autonomie des individus, dont celles des femmes. Elle partagera la vie et les idées du philosophe Jean-Paul Sartre. Il en naitra une « collaboration » fructueuse qui durera cinquante ans et ne s’interrompra qu’à la mort de celui-ci. Dans son célèbre ouvrage, « Le Deuxième Sexe », publié en 1949, Simone crée la polémique en parlant de la condition féminine, de la domination de la femme et l’avortement. Selon elle, le rapport entre les deux sexes n’est qu’une construction sociale. La féministe marque le combat pour les femmes des années 1970. Elle publie également cette même année un essai « La vieillesse » travail de fond dans lequel elle aborde les problèmes politiques, sociaux, existentiels, philosophiques, psychologiques causés par le vieillissement de l’être humain. Elle s’éteint à l’âge de 78 ans et repose au cimetière Montparnasse, à Paris.
BEYONCÉ
“Dans la vraie vie, parfois, on perd. Ça arrive aux meilleurs, aux plus malins. Ça arrive, c’est tout. Il faut accepter ce genre de revers.”
La nécessité de défendre les droits des femmes et l’égalité des sexes est une évidence pour beaucoup de femmes (et d’hommes), on peut donc être content de voir des stars revendiquer ouvertement cette étiquette. Beyoncé a sa façon de faire bien à elle (souvent critiquée ou mise en doute), mais elle invite toutes les femmes à vivre pleinement leur féminité à leur manière. « Toute personne pensant que les femmes et les hommes sont égaux en droit, est féministe. Je ne comprends pas pourquoi ce terme a encore une connotation négative, ni pourquoi être féministe devrait exclure le sexe opposé. Si vous êtes un homme qui pense que sa fille doit avoir les mêmes droits que son fils, alors vous êtes féministe ».
Cette vision du féminisme gomme la question de l’appartenance au genre… et nous on aime.