Il existe de nombreux types de forêts à travers le monde. Des forêts tropicales humides aux forêts sèches ou tempérées, à différentes latitudes.
Leurs points communs, elles sont constituées d’arbres et nous rendent de nombreux services indispensables. Quels sont ils, pourquoi, comment ? Quel bilan pour les forêts aujourd’hui ?
Par Quentin Folliasson pour VégéNC
Les services rendus par la forêt
L’EAU
Les forêts sont de véritables réservoirs d’eau et d’humidité. Les racines des arbres permettent à l’eau de s’infiltrer dans le sol et de régénérer jusqu’aux nappes phréatiques, protégeant dans le même temps des inondations. Naturellement riches en champignons et en biomasse, les sols forestiers sont de véritables éponges, protégés de l’assèchement par la canopée, à l’origine des sources et des bassins-versants qui alimentent les lacs et rivières.
L’eau est également stockée dans les plantes elles-mêmes qui la restituent par évapotranspiration, un phénomène qui est capable de stimuler la pluie, et même de déclencher ses propres précipitations. Cerise sur le gâteau, elles sont également de véritables stations d’épuration naturelles, filtrant et purifiant l’eau de ses polluants grace au système racinaire.
LES SOLS
Les forêts protègent les sols de l’érosion contre les vents, les sécheresses et les inondations, qui, à force de répétition, les lessivent littéralement de toute matière vivante, conduisant à la désertification. Non seulement elles maintiennent le sol en place, mais elles le fabriquent littéralement, pouvant donc régénérer des sols dégradés, et même reverdir des déserts.
Le sol est le support de toute vie terrestre, il est vivant, et il est créé par les arbres à partir de matière et d’énergie inépuisables. Les racines des arbres transforment la roche de la croûte terrestre en argile et les feuilles transforment l’énergie solaire et l’air en matière organique. Cette matière se décomposera en humus en nourrissant la vie du sol composée de champignons, bactéries, insectes, vers, etc.
L’action des vers de terre la mélangera avec l’argile pour former le complexe argilo-humique qui constitue un sol fertile. Toute cette vie se nourrie de matière créée par les arbres à partir de sources « mortes » infinies, en ce sens, les arbres sont créateurs de vie. Ils s’en nourrissent à leur tour, en interdépendance, perpétuant un cercle vertueux accroissant constamment la fertilité du milieu.
L’ATMOSPHÈRE ET LE CLIMAT
Les forêts contribuent à rafraîchir la Terre. Les feuilles absorbent l’énergie solaire pour créer de la matière vivante plutôt que de la refléter ou de la concentrer en chaleur.
De plus, elles stockent littéralement du dioxyde de carbone, le transférant de l’atmosphère où il agit comme un gaz à effet de serre dans la matière des plantes et la biomasse. Elles en relâchent une partie naturellement, mais les quantités stockées sont supérieures aux quantités relâchées. Elles participent donc à limiter le réchauffement climatique. Ce cycle de respiration purifie l’air au passage, le nettoyant de ses polluants et bien sûr, nous fournit l’oxygène vital dont nous avons besoin.
Déforestation
Malheureusement, malgré tout ces avantages, nous détruisons les forêts du globe à un rythme alarmant. Le World Ressource Instute estime que 80 % de nos forêts primaires (vierges ou presque) ont disparu en l’espace d’un siècle (20e siècle). 50 % des forêts primaires tropicales ont disparu en une seule génération (après-guerre à nos jours). Et cela continu au rythme hallucinant d’un terrain de football toutes les…
2 secondes. Tic tac tic tac…
Les causes de la déforestation sont nombreuses, mais la principale et de loin la plus importante est l’agriculture (80 % selon la FAO) dont l’élevage pour principal responsable. De 63 à 91 % (selon les sources et les périodes) des surfaces déforestées en Amazonie sont transformées en pâturages et en champs de soja destinés à nourrir le bétail. En Calédonie, il ne reste plus que 1 % des forêts sèches originelles de la cote ouest. La production d’huile de palme (pourtant la plus productive à l’hectare en comparaison d’autres huiles) fait des ravages en Indonésie. Viennent ensuite d’autres facteurs comme la construction d’infrastructures, les mines, les incendies, l’urbanisation et l’exploitation du bois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’exploitation du bois compte pour peu dans la perte de forêts primaires.
SOLUTION, S’ATTAQUER AU GROS DU PROBLÈME
Une étude de Joseph Poore de l’université d’Oxford, ayant étudié des méta-analyses couvrant des milliers de modèles de fermes, a établi que nous pourrions réduire nos surfaces agricoles mondiales de 76% en généralisant une alimentation végétalienne (sans produits d’origine animale).
L’équivalent en surface (environ) de la Chine, des États-Unis, de l’Europe et de l’Australie réunies qui pourraient, en grande partie, redevenir des forêts. Non seulement nous arrêterions de déforester, mais nous inverserions même le phénomène.
À quelques exceptions géographiques près, la forêt est le couvert naturel du sol. En absence de perturbations liées aux activités humaines, dont l’agriculture et l’élevage, elle se reconstituera d’elle-même au fil du temps par la succession de différentes plantes pionnières. Il nous suffit donc de libérer les espaces pour voir de nouveaux espaces redevenir des forêts. Nous pouvons également accélérer le processus en plantant nous-même quantités d’arbres partout où nous le pouvons.
Nous pouvons également réduire notre propre démographie en choisissant de ne pas faire d’enfants et d’adopter afin de réduire notre empreinte globale sur les forêts. De toutes manières, au rythme actuel, fort à parier que les générations qui viennent ne survivront pas à l’effondrement de ces écosystèmes vitaux, à moins que nous nous y mettions sérieusement, tout de suite et que nous passions le mot à nos voisins, afin de voir un changement radical, massif et rapide dans notre société.