À seulement 27 ans, Prunelle Bry a l’étoffe d’une artiste en accord avec son temps. Belle, gracieuse et pleine de vie, cette enfant d’ici est de retour sur le caillou pour quelques mois et nous en avons profiter pour la rencontrer et lui poser quelques questions.
Par Kaëchel Mostah
Le moment où tu as su que ce serait la Danse
J’ai toujours aimé bouger et danser partout. Petite, on m’appelait la danseuse : j’en ai fait des années. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est le mouvement, qu’il se passe en moi ou dans le corps des autres. Bizarrement, je n’ai compris qu’après mes études de cinéma d’animation 3D que ma vie serait dédiée à la Danse. En fait, j’étais assise à longueur de journée pour animer des personnages fictifs, et j’ai ressenti qu’en fait, c’était moi que je voulais “animer”, mon propre corps et le corps des autres en chorégraphiant. Mon premier cours de danse contemporaine à Paris m’a ancré davantage ce sentiment et depuis je sens que ça a été la bonne décision !
Qu’est ce qui t’anime, quel est ton moteur ?
Le fait de travailler avec le Corps. On est constamment dans l’éphémère. Le corps évolue toujours, rien n’est vraiment fixe, donc il y a toujours du mouvement, du nouveau. On ne se lasse jamais vraiment quand on est curieux. Parfois ça peut être frustrant car le corps est révélateur de bien d’autres aspects de soi-même : des blocages et des limitations psychologiques aussi. Le mouvement permet d’accueillir cela et de le transformer positivement, artistiquement. J’aime faire ces découvertes sur moi mais également ouvrir les gens à l’initier chez eux. C’est un dialogue qui m’inspire.
Ton parcours
Je suis partie de la NC à 18 ans après un bac L option Arts. J’ai fait une prépa Arts à Montpellier à l’ESMA. Puis j’ai complété un master en CGI 3D (Cinéma d’animation) spécialisation en animation. Je me suis redirigé vers la danse contemporaine avec un cursus de 4 ans à SEAD (Salzburg Experimental Academy of Dance) en Autriche. Mes études précédentes m’ont beaucoup servi, je ne les regrette pas du tout. Je m’en sers dans mes créations et elles apparaissent dans ma façon de bouger de manière régulière.
Tes inspirations
Le cinéma (mais d’avant haha pas les remakes 1,2,3,5,1000). J’aime principalement la sémiologie et la scénographie des plans. L’architecture et les philosophies comme celle du Yoga, l’Ayurveda, la méditation Vipassana (Buddhism) dont j’alimente mes connaissances via mes lectures, mes stages, ainsi que ma propre pratique.
Tu as parcouru le monde aussi
J’ai pas mal voyagé surtout ces derniers mois. Ayant fini mes études récemment, j’ai eu la liberté de vadrouiller à droite et à gauche pour des projets et auditions. Depuis l’Autriche où j’ai vécu ces 4 dernières années, je suis allé en Allemagne, en Croatie, à Prague, à Paris, en Suisse… J’adore voyager, découvrir des nouvelles cultures, l’énergie différente des lieux et surtout cet état d’esprit d’ouverture. Tout est possible. J’ai voyagé seule et c’est très intéressant d’un point de vue développement personnel. Pour l’instant, j’ai décidé de ne m’installer nulle part (en tous cas quelque mois) pour profiter de cette dynamique et de cette liberté. C’est un des côtés positifs du métier d’artiste.
Tes projets
J’ai prévu à mon retour de Nouvelle-Calédonie d’aller à Prague. Je vais intégrer une compagnie de cirque « LOSERS Cirque ». Les énergies du cirque me parlent vraiment. Il y a quelque chose de très fraternel et de plus léger que dans le milieu de la danse contemporaine. Je vais pouvoir me remettre à niveau pour les acrobaties, les portés, la voltige, etc.
Puis, j’ai deux projets de prévus courant 2020. Le premier avec Régine Chopinot en France. Une chorégraphe qui a travaillé en Nouvelle-Calédonie avec la troupe de danse traditionnelle WETR. Elle a emmené la « danse d’ici » au festival d’Avignon et a ouvert les horizons de la danse contemporaine sur le territoire. C’est une chance de pouvoir partager avec cette femme et il me tarde de commencer.
Parallèlement à cela, avec Tristan Benon mon partenaire, nous sommes en création pour un duo dédié aux festivals de rue. Nous recherchons d’ailleurs une résidence artistique ici afin de continuer le projet pendant notre séjour. Nous avons envie de le présenter au public calédonien.
À notre retour en Europe nous essayerons de faire une tournée des festival de rue avec cette pièce. Notre but est de rendre accessible la danse contemporaine, assez élitiste, à tous dans l’espace commun qu’est la rue. On a plein de projets en perspective et c’est très excitant !
Ton retour en Calédonie ?
Depuis 9 ans à l’étranger, j’avais envie d’un vrai repos ici pour regoûter au rythme des îles, un retour aux sources, mes racines. Profiter de ma famille, de ma petite sœur qui m’a beaucoup manqué. J’aime rester active et partager avec les gens, du coup, comme je suis professeure de Hatha Yoga depuis 2017, je donne des cours au Studio Yoga et au centre MyOM.
Nous avons aussi prévu avec Tristan d’enseigner des stages de danse contemporaine et initiation au mouvement. Pour tous niveaux et âges ainsi que pour des danseurs locaux plus avancés. Nous avons envie de partager, d’initier des moment d’échanges et on a la chance d’avoir pu rencontrer Carine Raguin de Arts & Mouvements et Stéphanie Mucet de Atelier 6 pour proposer des stages et master classes dans leurs studios.